La poésie des autres, celle que j'aime

Vos oeuvres, ou celles que vous aimez..
Luna
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La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par Luna »

Bonsoir à tout le monde ! Non, ce ne sont pas mes poèmes que je mettrai en ligne, je n'oserai pas :oops: Je mettrai, quand l'idée ou le besoin me presseront de le faire, les poèmes que je lis au jour le jour, ceux qui sont souvent ceux d'auteurs oubliés ou peu connus. J' essaierai de mettre toujours des poèmes en relation avec l'heure, le jour, le mois ou la saison, des poèmes reliés à mes émotions aussi probablement.


Pour commencer voilà un site de poésie, un des meilleurs que j'espère pour votre bonheur. Bonne lecture !

http://guesswhoandwhere.typepad.fr/carnets_de_poesie/

Et ici le poème du jour :
Quand il pleut le dimanche - de Vladimir Holan

Quand il pleut le dimanche alors que tu es seul, complètement seul,
Ouvert à tout, mais que ne vient pas même le voleur,
que ne frappe à ta porte ni le soûlard ni l’ennemi,
quand il pleut le dimanche alors que toi, tu es abandonné
et tu ne comprends pas comment vivre sans corps,
et comment n’être pas alors que tu as le corps,
quand il pleut le dimanche alors que tu es tout entier livré à toi-même
oh ! n’attends pas de toi de parler avec toi !
Il n’est alors que l’ange qui sache, et seulement ce qui est au-dessous de lui,
Il n’est alors que le diable qui sache, et seulement ce qui est au-dessus de lui !

Le livre quand on le tient, la poésie quand il tombe…
LaFiLLeDuPèReNoëL
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par LaFiLLeDuPèReNoëL »

Bonsoir Luna,

Beau poème choisi, mais quand il pleut le dimanche, moi j'aime bien, en revanche je déteste les jours gris d'hiver sans neige avec la bise comme ennemie... Moi j'aime la pluie, surtout si elle clapote sur le toit et fait bouger les feuilles des arbres. j'aime la pluie le dimanche si elle onde la mare des donzelles à grenouillère.

Le pire, c'est Orly, nom de dieu que c'est triste le dimanche!

Bonne fin de dimanche....
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ThierryC
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par ThierryC »

Bonjour Luna,

Bienvenue sur LMC. Je crois avoir compris que vous aviez "sévi" sous d'autres aspects sur notre petit monde. Personnellement, je suis ravi de vous voir parmi nous. :lol:
Non, ce ne sont pas mes poèmes que je mettrai en ligne, je n'oserai pas
Je crois que vous avez tort. Vous surestimez le niveau du Monde en Chantier et vous sousestimez la capacité de ses lecteurs qui adoreraient faire connaissance avec vos écrits et vos poèmes. Le rôle du Monde en Chantier n'est pas de se prétendre un site qui présente une poésie reconnue comme on en voit sur le magnifique site que vous nous mettez en lien. Il n'en aurait pas la prétention. En revanche, le Monde en Chantier à la prétention de démontrer l'excellent qu'on peut trouver chez les autres.

La poésie citée est magnifique et représentative de votre vision. D'une telle vision, il ne saurait découler autre chose que ce qu'elle est capable de produire.

Aussi, je ne saurais que trop vous encourager à respecter ce forum, qui s'intitule VOS textes, VOS poésies, et non pas celle que vous appréciez et publier vos écrits.

Je comprends votre pudeur, mais, en réalité, elle s'appelle le trac. Profitez du public restreint et contemplatif du Monde en Chantier pour vous publier. ;)
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Luna
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par Luna »

Je sais, ici c'est Vos textes, Vos poésies, mais je suppose que les poèmes des autres à force que nous les lisons deviennent un peu les nôtres ? Ce soir j'ai choisi un texte de Steinn Steinarr, un grand poète islandais traduit par Régis Boyer et publié dans un recueil : "Le temps et l'eau" chez Actes Sud. Je l'ai choisi en pensant à ce qui se passe maintenant un peu partout par le monde.

PROMÉTHÉE

Aujourd'hui me voici prisonnier dans le cachot du capitalisme,
avec mes mains calleuses et mes cheveux d'un blanc d'argent.
Nul homme vivant n'est n'est haï davantage,
nul homme vivant n'aura une mort aussi affreuse.

Ils me tiennent,
ma tâche est finie.

Mais le peuple vaincra,
car je lui ai remis le feu
qui brûlera éternellement;

La haine du tyran.
ThierryC
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par ThierryC »

Oui, je suppose que lorsque nous nous trouvons dans une circonstance donnée, un moment, ou une situation, on peut s'approprier la poésie des autres. D'ailleurs, c'est son rôle. Elle ne peut pas se lire comme un roman, elle ne peut qu'être belle, donc sensitive, émotionnelle.

Je vous l'accorde, d'autant que celle-çi me semble très en accord avec ce qui se passe et se passera, très au faîte de son temps. ;)
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Luna
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par Luna »

Ça c'est pour madame LFDPN et pour tous ceux qui aiment quand il pleut le dimanche : Un petit texte de Francis Ponge, sorti de "Le parti pris des choses" La pluie

" La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c'est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, une fraction intense du météore pur. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d'un grain de blé, là d'un pois, ailleurs presque d'une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots convexes. Selon la surface entière d'un petit toit de zinc que le regard surplombe elle ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses de la couverture. De la gouttière attenante où elle coule avec la contention d'un ruisseau creux sans grande pente, elle choit tout à coup en un filet parfaitement vertical, assez grossièrement tréssé, jusqu'au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes.

Chacune de ses formes a une allure particulière: il y répond un bruit particulier. Le tout vit avec intensité comme un mécanisme compliqué, aussi précis que hasardeux, comme une horlogerie dont le ressort est la pesanteur d'une masse donnée de vapeur en précipitation.

La sonnerie au sol des filets verticaux, le glou-glou des gouttières, les minuscules coups de gong se multiplient et résonnent à la fois en un concert sans monotonie, non sans délicatesse.

Lorsque le ressort s'est détendu, certains rouages quelque temps continuent à fonctionner, de plus en plus ralentis, puis toute la machinerie s'arrête. Alors si le soleil reparaît tout s'efface bientôt, le brillant appareil s'évapore : il a plu.
(Le Parti pris des choses)



Lorsque le ressort s'est détendu, certains rouages quelque temps continuent e s'arrête. Alors si le soleil reparaît tout s'efface bientôt, le brillant appareil s'évapore : il a plu. [/color]
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par LaFiLLeDuPèReNoëL »

Comme j'aime la géométrie et les fractales, je dois dire que la description de ces infimes mais non moins importantes molécules, est absolument délicieuse de réalisme. J'ose espérer, Luna, à votre entière sincérité face aux éléments qui font ce que nous sommes, sans arrière pensée.

En tout cas, merci pour ce beau texte.
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ThierryC
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par ThierryC »

Trop tard, aujourd'hui il fait grand soleil. :D

Merci Luna. ;)
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par Luna »

Je vous avais dit que j’essaierais de coller à la saison, au mois, à l’heure. L’hiver a fait son apparition et pour les automobilistes les ennuis ont commencés. Pourtant, pour le moment ce n’est qu’un tout petit hiver, un hiver pour les enfants qui adorent ça, l’hiver.
Quand la neige commence à tomber, j’éprouve toujours le besoin de relire quelques pages des Lettres d’exil, une correspondance entre Ariane Efron, la fille de la poétesse russe Marina Tsvétaïeva, et Boris Pasternak. Quand en 1949 elle est envoyée en relégation à Touroukhansk en Sibérie, elle a déjà derrière elle huit années d’une existence inhumaine, elle a purgé sa condamnation mais elle n’est pas libre. Elle passera encore sept années en exil et ne rentrera à Moscou qu’en 1955.
Pour en savoir plus sur la vie de cette femme il y a ces lettres parues en chez Albin Michel en 1988 et plus récemment un livre d’Ariane Efron : Chroniques d’un goulag ordinaire 1942-1955, chez Phébus.
Un roman a paru sur sa mère : Le roman de marina, dit « romanvrai » par Dominique Desanti, chez Arléa poche.

10 octobre 1952
Elle écrit à Pasternak, « Ici c’est l’hiver, et les premiers temps, tant que la lassitude ne s’est pas installée, c’est merveilleux. La vie tout entière est à nouveau écrite en noir et blanc ; la neige est toute fraîche, et sur elle tout semble neuf et petit, les isbas, les gens, les chevaux et les chiens. Seul le fleuve, comme toujours, ne dégage absolument pas cette atmosphère d’intimité, son mouvement incessant a beau être immobilisé par les glaces, continue d’inquiéter l’âme comme avant.
Le ciel est toujours bas, proche et plus compréhensible que partout ailleurs. Le soleil et la lune ici sont à deux pas (ce n’est pas comme à Moscou), on voit de ses propres yeux le Nord faire la pluie et le beau temps et on ne s’étonne de rien. Seulement, parfois l’aurore boréale soulève la voûte céleste à une telle hauteur qu’on est saisi de vertige, puis l’abaisse à nouveau et tout redevient normal >>
« Aujourd’hui le dernier bateau est parti. Il a quitté notre rivage sans beauté, en lançant sa sirène d’adieu, a mis le cap vers le sud, devançant de peu l’hiver. Et nous sommes resté sur le rivage, nous les gens, les radeaux, les meules de foin brun, les barques renversées, et la neige couvrait tout de minces flocons. Il fait encore doux mais l’horizon est aussi rose qu’une pastèque entamée, présage de froid. Mais à quoi bon t’écrire tout cela ? L’hiver c’est l’hiver avec la même nuance que l’expression de Tchekhov « une épouse est une épouse », et c’est tout dire.
Depuis le printemps jusqu’au moment où est tombée la première neige, j’ai souffert avec toutes sortes de besognes ménagères : réparations, bois de chauffage, je dis « souffert » parce que j’ai travaillé au-delà de mes forces, sans goût, non pas du tout parce que ce sont des occupations difficile ou pénibles, mais parce que je ne fais tout cela que pour moi, c’est indispensable et pourtant absolument inutile, tu comprends ? Et la nuit, sitôt couchée, je faisais le même rêve stupide : je traversais Paris, le soir tard, à la recherche du magasin « Le-Printemps », il surgissait d’un coin de rue, tout illuminé, j’entrais et passais la nuit à flâner, d’un étage à l’autre jusqu’à en avoir le tournis, au milieu des soies, des dentelles. Il faut dire que ce magasin m’est tout aussi inutile que l’ensemble de mon existence ici. >>

Voilà, c’était une voix venue de Sibérie…

Bonne semaine, Luna
ThierryC
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Re: La poésie des autres, celle que j'aime

Message non lu par ThierryC »

Fantastique! :shock:

J'adore les témoignages vivants sur la réalité insupportable.
Pour en savoir plus sur la vie de cette femme il y a ces lettres parues en chez Albin Michel en 1988 et plus récemment un livre d’Ariane Efron : Chroniques d’un goulag ordinaire 1942-1955, chez Phébus.
Merci pour les références. Je pense que je vais pencher pour le bouquin d'Ariane Efron. ;)
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