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Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : ven. 05 avr. 2019, 00:02
par madame Adonis
Le printemps romain de Mrs Stone de Tennessee Williams
« Je dérive, je dérive », se répétait Mrs Stone. Elle errait à travers l'appartement. Elle regarda la solitude immaculée du lit. La solitude immense. Très calme, elle épiait le silence avec une telle intensité qu'elle entendit sonner la pendule de la pièce voisine. Le temps dérivait à son tour. Et le sommeil. Le sommeil s'en allait à la dérive au-dessus de la ville ancienne.
Elle regarda par la fenêtre, fit quelque pas sur la terrasse. Le ciel lui-même allait à la dérive. Rien d'autre n'existait que cette dérive infinie du temps et des êtres. »

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : ven. 05 avr. 2019, 00:07
par madame Adonis
Tennessee William:
[...]" men don't want anything they get too easy. But on the other hand men lose interest quickly. Especially when the girl is over - thirty."

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : dim. 07 avr. 2019, 14:58
par madame Adonis
Nationalité : Islande
Né(e) à : Laugaland, Vestfirdir , le 13/10/1908
Mort(e) à : Reykjavik , le 25/05/1958
Biographie :

Aðalsteinn Kristmundsson ( de son vrai nom) est né dans la région des fjords de l’ouest, à Laugaland. Il est le quatrième enfant d’un ouvrier agricole. Adolescent, il rencontre le poète Stefán frá Hvítadal, et deviennent amis.
De 1925 et 1926, Steinarr fréquente l’école de Núpur , et il s' installe définitivement à Reykjavík en 1956.
Il découvre sa vocation de poète en effectuant la tache de gardien de phare à Reykjanes durant cinq mois.
Le magazine Lögrétta publiera son premier poème en 1931, un an plus tard il prends son nom de plume, Steinn Steinarr.
Puis devenu communiste, il écrit dans le magazine engagé « Réttur ». Mais, en 1956, de retour d'un voyage effectué en URSS, il renie cette cause qu'ilil appelle « social fascisme ».
Le 10 juillet 1948, Steinarr épouse Ásthildur Kristín Björnsdóttir.
Il cesse alors de publier de nouveaux recueils.

Ljóð (Chant), 1937 ; Rauður loginn brann (La flamme rouge brûlait),1934 ; Spor í sandi (Traces de pas dans le sable), 1940 ; Tíminn og vatnið (Le temps et l'eau),1948
+ Voir plus


Source : http://is.wikipedia.org/wiki/Steinn_Steinarr


" ( Steinn Steinarrr, dans Le temps et l’eau, pages 64,65)

Je tourne en rond
autour de tout ce qui est
Et dans ce cercle
est ton monde.

Mon ombre est tombée un instant
Sur le carreau de la fenêtre.
Je tourne en rond
Autour de tout ce qui est.
Et hors de ce cercle
Est mon monde "
"Bats doucement, ô mon cœur

et ne crains pas les sombres ténèbres.

Dans le soleil et la vive clarté

le printemps va de nouveau t’apparaître.

Et le parfum des roses rouges

va monter des tombes des morts.

La misère des faibles et des indigents

va céder devant tout cela.



Par la clarté des longs jours

il est doux d’aller son chemin

soleil et printemps sur les joues

dans cette éclatante douceur.

Alors s’élèvent des tréfonds

l’herbe des prés et les buissons.

Celle qui t’aima une fois,

t’aime de nouveau, peut-être. " Dans Le temps et l'eau... oui, je crois que ça vaut le coup de lire Steinn_Steinarr :)

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : dim. 07 avr. 2019, 15:22
par madame Adonis
… - et comme aujourd'hui avec le froid et la pluie j'ai tendance à m'ennuyer je retrouve des vieux trucs oubliés depuis des décennies :

« « Je me demande parfois si nous ne sommes pas nés simplement
pour admettre une bonne fois le fait que
nous allons mourir. Et pourtant, dans l’intervalle
de ce dilemme injuste, il y a notre vie. » (dans la bouche d’Ismène, monologue, de Yannis Ritsos)

https://www.franceculture.fr/emissions/ ... s-ritsos-0

www.khroma.eu/IsmeneDossierComplet.pdf

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : lun. 08 avr. 2019, 18:25
par madame Adonis
"« Céphale m’aperçut, il me salua et me dit : Ô Socrate, tu ne viens guère souvent au Pirée ; tu as tort. Si je pouvais encore aller sans fatigue à la ville, je t’épargnerais la peine de venir ; nous irions te voir ; mais maintenant, c’est à toi de venir ici plus souvent. Car tu sauras que plus je perds le goût des autres plaisirs, plus ceux de la conversation ont pour moi de charme. Fais-moi donc la grâce, sans renoncer à la compagnie de ces jeunes gens, de ne pas oublier non plus un ami qui t’est bien dévoué.
Et moi, Céphale, lui répondis-je, j’aime à converser avec les vieillards. Comme ils nous ont devancés dans une route que peut-être il nous faudra parcourir, je regarde comme un devoir de nous informer auprès d’eux si elle est rude et pénible ou d’un trajet agréable et facile. J’apprendrais avec plaisir ce que tu en penses, car tu arrives à l’âge que les poètes appellent le seuil de la vieillesse [13]. Hé bien, est-ce une partie si pénible de la vie ?
comment la trouves-tu ? » au début de La République de platon

C'est àlire ou à relire La République... :)

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : lun. 08 avr. 2019, 18:28
par madame Adonis
" viens
Si tu trouves le temps
Et si tu ne trouves pas le temps
Viens quand même


Comme dans les mains
Jaillit la force
Comme dans les artères
Coule le sang
Comme les flammes douces
Dans l'âtre
Viens

" Viens comme après la pluie
à l'acacia poussent
De tendres épines

Jours
Envolés
Promesses
Evanouies
Viens

Viens comme après le mardi
Arrive le mercredi
Viens

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : lun. 08 avr. 2019, 19:24
par madame Adonis
"Je rêve d'un texte susceptible de multiplier les espaces de ma « vie, de me donner la même sensation de liberté que j'avais, enfant, en lisant Jules Vernes et Alexandre Dumas, et que j'éprouve à la lecture d'Eckermann. « V. Alexakis "



et : "« Me voilà si vieille ! Je me figure que je ne peux qu’ennuyer les autres et qu’on ne peut me tolérer que chez moi. » George Sand le 8 septembre 1871 à Gustave Flaubert depuis Nohant " … ;)

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mer. 10 avr. 2019, 14:28
par madame Adonis
" Les séances de signature en librairie auxquelles je participais à mes débuts attiraient surtout des étudiantes . Vingt ans plus tard , elles étaient fréquentées majoritairement par des enseignantes. Aujourd’hui elles rassemblent essentiellement des dames aux cheveux blancs . Mon public a atteint l’´âge de la retraite, c’est normal , cela fait quarante ans que j’ecris . Il arrive cependant qu’une très jeune femme me demande une dédicace
- C’est pour ma grand-mère, précise - t - elle . Elle vous aime beaucoup ." Vassilis Alexakis dans l'enfant grec

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : sam. 13 avr. 2019, 10:24
par madame Adonis
"Je pense que je ne connaîtrai jamais les hommes chauves-souris. Il est d'autres voyages que j'aimerais entreprendre et que, faute de temps, je ne ferai probablement jamais. Je commence à prendre congé des pays que je n'ai pas visités, des hommes que je n'ai pas rencontrés. *

Vassilis Alexakis dans "La langue maternelle"

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : sam. 13 avr. 2019, 19:06
par madame Adonis
" Rien ne me parait plus nécessaire aujourd'hui que de découvrir ou redécouvrir nos paysages et nos villages en prenant le temps de le faire. Savoir retrouver les saisons, les aubes et les crépuscules, l'amitié des animaux et même des insectes, le regard d'un inconnu qui vous reconnait sur le seuil de son rêve. La marche seule permet cela. Cheminer, musarder, s'arrêter où l'on veut, écouter, attendre, observer. Alors, chaque jour est différent du précédent, comme l'est chaque visage, chaque chemin.

Ce livre n'est pas un guide pédestre de la France, mais une invitation au vrai voyage, le journal d'un errant heureux, des Vosges jusqu'aux Corbières, au coeur d'un temps retrouvé. Car marcher, c'est aussi rencontrer d'autres personnes, et réapprendre une autre façon de vivre. C'est découvrir notre histoire sur le grand portulan des chemins. Je ne souhaite rien d'autre, par ce livre, que de redonner le goût des herbes et des sentiers, le besoin de musarder dans l'imprévu, pour retrouver nos racines perdues dans le grand message des horizons."
Dans Chemin Faisant de Jacques Lacarrière

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : sam. 13 avr. 2019, 19:12
par madame Adonis
" On connaît le calendrier établi par certains savants : si l’on faisait tenir l’histoire de la vie sur Terre dans la durée d’une seule année et que la vie débuté le 1er janvier, les premiers vertébrés marins surgiraient fin juillet, les premiers mammifères fin octobre. L’ère tertiaire débuterait le 13 décembre, l’ère quaternaire le 31 décembre. Quant à l’homme, le Pithécanthrope naît vers 17h30, l’Homo sapiens vers 23h50, l’époque néolithique commence à 23h54 et l’âge de bronze à 23h59. Il ne reste plus qu’une minute pour toute l’histoire de notre civilisation ! Nous ne sommes donc qu’au tout début de notre évolution et, loin d’être des créatures achevées, comme le croient et comme le proclament les principales religions, nous ne sommes qu’une esquisse ou qu’un brouillon d’homme, un être encore inabouti, un bipède simplement ébauché.

Dans "un jardin pour mémoire " De Jacques Lacarrière

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : sam. 13 avr. 2019, 21:09
par madame Adonis
Séquence nostalgie :)



"Premier recueil de Claude Morenas
par Pierre Seghers

En 1976, Claude Morenas publie à compte d’auteur son premier recueil de poèmes.
Pierre Seghers rédige alors pour cet ouvrage la préface suivante, laquelle pourrait convenir à chacun de ses livres :

- La vie, la précieuse vie,
- Survivre dans ce merveilleux jardin,
- Livre d’Heures pour un quotidien positif),
et aussi à celui qu’elle prépare actuellement...


Quelques mots à propos de Claude Morenas …

Lois des villes, de leurs rumeurs et de leurs modes, loin du bruit, au bout de chemins qui paraissent perdus et qui, pour citer Claude Morenas, « tâtent les chairs pulpeuses de l’invisible », là-bas, là-haut, entre Céreste et Oppède, à cheval sur la Motte d’Aigues et le Calavon, dramatique est le Luberon.

C’est un pays de roches et d’orages, râpé jusqu’à l’os par les vents, une longue crête noire du Haut Vaucluse, au- dessus des forêts de chênes verts et de mélèzes. On y accède par d’étroites petites routes ravinées qui contournent des éboulis dégringolant dans les vallées. Pays de combes et de maquis, pays-refuge, pays sévère. Au ras du sol, l’iris sauvage à courte tige y frémit et, plus avant dans la saison, sur les plateaux, les lavandes, comme de grands châles mauves et violets bourdonnent d’abeilles. Si la limpidité de l’air est ici sans égale, une sorte d’intensité profonde, d’énergie tellurique s’y ressentent, mystérieuse défense d’un pays de « bories », et de forêts de cèdres. Le mistral et le vent d’Ouest, la « marinade », y écartèlent assez souvent des arbres centenaires. Avis aux « résidences secondaires » : la foudre y est soudaine, et le tonnerre peut faire peur.

Le Luberon est VRAI et sa rigueur a grande allure. Ceux qui ont choisi d’y vivre dans des maisons anciennes et sauvages, des maisons qui ont « vu neiger » comme on dit, ceux-là portent en eux une exigence, celle d’aller jusqu’au bout d’eux-mêmes et de retrouver non pas un paradis perdu mais l’essentiel, un essentiel quotidien, fait de travaux, de silence et de méditation. En même temps que les ravines et les sentiers, ils relèvent le cadastre de leur réalité profonde, maintenue en eux depuis toujours. Une vie comme une haie de ronces, avec ses épines et ses mûres, un long temps d’existence faite d’indépendance, une vie d’amour fou, de passion et de saisons vécues.

Sous la main, sous les yeux du poète, dans la grande cuisine de « Regain » - la vieille maison, à moitié grotte creusée dans le roc, est suspendue en à-pic au-dessus d’un torrent, la haute crête, en face, accroche les nuages- le feu et les cuivres, les confitures dans les pots, l’accueil et le vin brillent comme un La Tour. Depuis trente ans, Claude Morenas vit là auprès de François Morenas à qui l’on doit le balisage le plus précis, le plus vivant aussi, des sentiers et des parcours de ce pays magique :

Ma sauvagine, mon homme des bois
mon courre-la–colline
mon trousse-genêts
mon rebrousse-buisson

tel est l’homme pour qui le poète invente des mots de fleur sauvage.

Au –delà des murs de « Regain », et des cimes de calcaire gris qui barrent l’horizon, le monde intérieur du poète rejoint le vaste monde. Peut-être vivons-nous dans des enclos dont nous avons planté les pieux ? La liberté y est totale, les contraintes quotidiennes aussi, qui n’empêcheront jamais l’homme de vouloir aller jusqu’au bout. Longue marche, soliloque et dialogue, une femme qui est peintre et poète dit alors une quête permanente qui retrouve celle de Gauguin à Tahiti : « D’où venons- nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? » Par un hymne à la vie, le poète ici répondra.

Poèmes de pluies et de vents, de vie et d’amour, où le silence même est vrai et somptueuse la poussière, une énergie créatrice, sang et soleil, honneur de l’homme qui les parcourt. La vie de chaque jour, mystérieux et secret Le Nain, la vie « élémentaire » entre les rochers et les arbres, quelques amis et l’espoir qui luit « comme un brin de paille dans l’étable », la vie des choses palpables, le poète la donne à voir et à partager :

des chaudrons et des feux de bois
des tartes enfournées
et des bougies à la flamme tranquille

Seule réponse humaine, juste, faite d’honnêteté envers soi-même et de chaleur devant l’angoissante, l’éternelle question.

Il appartenait à une femme, à une irréductible, d’écrire aussi naturellement des choses graves, un au-dedans de l’au-delà, de retrouver, venus des profondeurs, les mots de tous les jours, simples et vrais.

Dans les poèmes de Claude Morenas et dans leurs marges, j’entends battre la Création.
Pierre Seghers
pour Francopolis
recherche Lilas
avril 2008

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mar. 30 avr. 2019, 00:56
par ThierryC
Je vais quand même vous avouer un truc, ce forum me sert parfois de pense-bête, une façon de retrouver des sites vite fait
Vous n'imaginez pas tout ce que j'en retire, régulièrement. Cet endroit est un marqueur historique. Il a plus de dix ans aujourd'hui. Bien sûr, dix ans, ce n'est rien. Mais nous sommes au 21ème siècle, le temps s'est accéléré, surtout pour nous qui ne sommes plus tout jeunes désormais. Dix ans au 21ème siècle, c'est 30 ans, 50 ans au 20ème siècle, c'est 100 ans au 15ème siècle. Le monde a tellement changé depuis dix ans, tellement de choses ne sont plus comme avant, alors qu'il y a dix ans le monde avait déjà tellement changé depuis dix ans...

Franchement, Madame Adonis, quand je vous lis, vous devriez vraiment faire un blog...

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mer. 01 mai 2019, 09:14
par madame Adonis
mais bien sûr Técé je vais le faire ce blog dont je parle depuis 20 ans- enfin si je ne casse pas ma pipe avant - j'attends seulement d'être un peu plus à la page en informatique et je me demande si un cours accéléré à l'EPFL ne me servirait pas dans cette entreprise ?- bon, en ce moment j'ai d'autres chats à fouetter car j'ai repris le jardin à1000m des mains de méchante madame et j'ai pas trop le temps car l'hiver ne fini pas de finir ici en haut et le plus haut sommet du coin est toujours blanc de neig e. Comment avoir le moral à faire un blog, pouvez-vous me le dire vous qui vivez dans un pays de soleil ? Ici on est tous en pleine déprime ! - même les missionnaires de retour d'Afrique noire n'ont pas le moral

Vous pourriez pas nous dire à quoi vous en êtes de vos cultures là bas dans votre beau pays d'adoption, ici j'ai juste réussi à planter les patates avant la neige du dernier week-end
A plus, je vais bientôt me mettre en route pour le Beaujolais, je ferai peut-être un petit tour jusque dans votre sud ouest ? pas besoin de me donner l'adresse je vous ai localisé :D tout de bon é vous et à madame gisèle

"« Je connaissais la beauté, la fragilité osseuse, de cette race éblouissante, condamnée à mourir jeune. Je savais que, la nuit de leurs trente ans, les femmes fallachas s’éclipsaient de leur demeure. Les habitants du village se taisaient en voyant s’éloigner leur toge blanche dans la montagne ; elles allaient s’étendre dans les champs les plus hauts d’Éthiopie, et là, la nuque appuyée sur une pierre polie, seules, face au ciel, elles attendaient que leur cœur s’immobilise... »
« Cela faisait plus de cinquante ans que je n'étais pas revenu en Algérie où j'étais né, d'où nous étions partis sans rien. J'avais si souvent répété que je n'y retournerais jamais. Et puis une occasion s'est présentée : un festival de cinéma méditerranéen auquel j'étais invité comme juré à Annaba, une ville de l'Est algérien, ma région d'origine. J'ai pris en décembre l'avion pour Annaba, j'ai participé au festival, je m'y suis senti bien, j'ai eu l'impression d'une fraternité nouvelle avec eux tous. Mais au moment où, le festival fini, je m'apprêtais à prendre comme convenu la route des Aurès pour revoir la ville et la maison de mon enfance, un événement est survenu, qui a tout arrêté, tout bouleversé C'est le récit de ce retour cassé que je fais ici. » J.-N. P. Jean-Noël Pancrazi est l?auteur de nombreux romans et récits, parmi lesquels "Les quartiers d?hiver", "Tout est passé si vite", "Madame Arnoul" et "La montagne".
Citations et extraits (43) Voir plus
Ajouter une citation

La montagne de Jean-Noël Pancrazi
... il était un combattant de l’autre bord, au cœur inaccessible ; juste peut-être — au moment où son regard se voilait un peu — cette forme de tristesse qu’avaient parfois les vainqueurs quand ils se demandaient si ça valait la peine d’être allé aussi loin dans la guerre, en sacrifiant même des enfants "

Madame Arnoul de Jean-Noël Pancrazi
"Il y avait une telle peine dans le cimetière, le surlendemain, alors qu'on descendait en terre les cercueils où reposaient mes camarades dans les chaussons blancs et les tuniques bleues qu'ils auraient dû porter, quelques jours plus tard, pour la fête sportive du lycée. Avant qu'on ne les refermât, j'avais contemplé leurs visages aussi calmes que l'après-midi où, exténués par les répétitions des figures d'athlétisme, ils s'étaient endormis près de leurs cerceaux, sur les tapis en linoléum du gymnase encerclé par la tempête de sirocco. Ils paraissaient soudain si sages, les élèves de la 6eS, dont on disait qu'ils étaient les plus turbulents du lycée 2

Je voulais leur dire mon amour de Jean-Noël Pancrazi
"Et puis, soudain, le coup de téléphone dans la chambre. C'était l'adjoint du commissaire du festival chargé de la Sécurité. Il me demandait de descendre immédiatement dans le hall.

"La montagne de Jean-Noël Pancrazi
La ville s'éloignait. Je me retournais pour voir la montagne; on ne la distinguait pas vraiment : la vitre arrière était pleine de poussière et de larmes; la montagne était là, pourtant, pendant des kilomètres, même quand on roulait dans une autre plaine, qu'on passait dans une autre région; je la verrais de la mer, du pont du bateau à travers les feux, le halo des derniers incendies des champs, des entrepôts et des maisons qu'on avait préféré détruire en partant, dans l'emportement, la politique de la terre brûlée "

"Madame Arnoul de Jean-Noël Pancrazi
Plus personne ne traversait la cour. Mais un après-midi, le battant du porche, avec sa "serrure spéciale" cassée qui menaçait de se décrocher à chaque saccade de vent, grinça. C'était Mohammed Khair-Eddine qui s'avançait, à la fois gêné et rayonnant d'orgueil comblé. Malgré la fournaise de juin, il portait à même la peau le pull-over à losanges jaunes et noirs que je lui avais donné le soir où il était venu travailler à la Maison. Il ne me dit rien d'abord, se contenta de sortir de sa poche et de me tendre, pour que je la garde, une photographie : nous étions côte à côte, devant le portail de l'école, un matin où il commençait à neiger sur les Aurès. "Avec qui je vais me battre maintenant?..." me dit-il avec une lassitude qu'il n'arrivait pas à rendre ironique, comme s'il avait escompté que notre antagonisme amical durerait toute la vie. "

Long séjour de Jean-Noël Pancrazi "
Tirant sur la poche de sa veste pour la défroisser et se préparer à les accueillir, il répétait avec une telle conviction qu'ils allaient venir, que je m'attendais à les voir monter le grand escalier de la Maison Eugénie. Les morts, alors, devenaient plus vivants que les vivants; et il me semblait, à mon tour, que ressuscitaient tous ceux que j'avais aimés, qu'ils emplissaient, peu à peu, le couloir du long séjour et venaient m'entourer avec le calme sombre d'une foule s'apprêtant à embarquer un après-midi d'hiver, certains s'appelant de loin en loin pour ne pas se perdre ou se promettre de se garder une place pour faire ensemble la traversée "


Madame Arnoul de Jean-Noël Pancrazi
Notre amitié, presque silencieuse, déplaisait car nous donnions l'image d'une solidarité qui n'était pas de mise. Aussi le sous-directeur convoqua ma mère pour s'indigner que je préfère la compagnie des musulmans à celle des Européens. Elle s'était aussitôt écriée qu'il était indigne pour un éducateur d'avoir de tels préjugés. sa tolérance s'approfondissait à mesure qu'on la ruinait autour d'elle."


Tout est passé si vite de Jean-Noël Pancrazi
"Vous avez toujours été la plus fidèle, la plus courageuse", lui disait-il doucement, quand elle arrivait tout près de lui. Il cherchait, par réflexe, sur son poignet, pour le rattacher, le fermoir du bracelet, mais elle ne le portait plus, sa main était devenue trop petite, trop maigre; il aurait flotté, glissé de lui-même. "Je serai là, toujours... où que vous soyez...", lui disait-il, en lui prenant les épaules, "je continuerai à vous suivre... - A me lire aussi?" lui demandait-elle, avec sa candeur inquiète de toujours. "Oui, lui disait-il, heureux que rien n'ait changé pour elle, de rester son premier lecteur... Je vous le promets."

Madame Arnoul de Jean-Noël Pancrazi
J'avais toujours hâte que le dîner se terminât car ce serait neuf heures et demie, le moment où elle se postait, comme moi, derrière une fenêtre pour regarder apparaître, au-dessus des collines d'oliviers, le D.C.3 de la compagnie Air Algérie dont les ailes miroitaient sous les sillons d'huile et les plaques de sable qui s'étaient incrustées sur la tôle au cours de l'escale de Biskra. En descendant, il rasait de si près les maisons que les roues paraissaient devoir arracher une part de toit ou de balustrade. Les hublots étaient si éclairés et proches qu'on pouvait distinguer les visages des passagers luxueux qui revenaient de Métropole (...)


"« J’en ai assez de la mémoire, de la nostalgie, des fantômes du passé. J’en ai assez de me souvenir, de revenir vers les mêmes motifs, les mêmes émotions, les mêmes visages, les mêmes paysages. Je suis saturé de ce que j’ai vécu, de ce que j’ai éprouvé, de ce que j’ai traversé. Je n’ai qu’une envie : l’oubli « toujours de Jen-Noël Pancrazi


Je recherche " Lalibella ou la mort nomade" de Jean Noël Pancrazi " trouvé dans un bibliobus il y a très longtemps… Je n'ai pas osé le piquer à l'époquemais je le regrette beaucoup car je ne trouverai probablement plus ce livvre :(

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mer. 01 mai 2019, 11:35
par ThierryC
Bonne idée, venez nous voir dans notre bouge, justement, il y a désormais une place de camping devant le mobilhome à la place de la Xantia que j'ai mis à la casse... :lol:

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mer. 01 mai 2019, 22:34
par madame Adonis
:) super comme ça on sait où on peut planter la tente et on sera à l'abri de votre mobilhome en cas de gros vent et je sens déjà qu'on risque de s'incruster un bon moment... Alors à tout bientôt, on apportera du fromage pour la fondue !

A

Posté : jeu. 02 mai 2019, 01:51
par ThierryC
Oh mais quelle bonne idée ! Mais quelle bonne idée...

Cela dit, la tente est déjà montée dans la maison, c'est quand même plus confortable. :D

A un point que j'envisage de plus en plus d'y dormir. :mrgreen:

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : ven. 03 mai 2019, 18:08
par madame Adonis
ah oui on adore les tentes déjà montées dans la maison : une tente transparente montée au milieu d' un vaste chantier pourquoi pas et on a déjà testé ça :) - mais sans rire vous, Técé ça fait combien d'années qu'il dure votre chantier ?- vous devez en avoir marre ? Adonis, lui il a dit qu'on irait s'installer dans un bungalow du camping d'à côté. car il aime son petit confort... à tout bientôt on se réjouis de vous tomber dessus à l'improvisme :D

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : ven. 03 mai 2019, 18:11
par madame Adonis
oui, mais là on dérape qu'il dit Adonis le thème de ce fil c'est la lecture au jardin...

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : ven. 03 mai 2019, 18:20
par madame Adonis
https://www.lamaisonserfouette.com/lectures-au-jardin
C' est plein de bonnes idée dan ce coin...



Soie de Alessandro Baricco:

- Tu sais, toi, pourquoi [il] s'est arrêté de parler ?
- C'est une des nombreuses choses qu'il n'a jamais dites."

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : ven. 03 mai 2019, 18:26
par madame Adonis
"Ecrivez, pendant que vous avez du génie, pendant que c'est le dieu qui vous dicte, et non la mémoire" - ça c'est madame Sand qui l'écrit et vu le nombre de ses pages elle doit savoir... :)

Je ne sais plus quoi dire sur ce forum ? aucun dieu ne me dicte des pages, je me dit plutôt que je devrais m'arrêter d'écrire une bonne fois pour toute?

quelqu'un pourrait-il me donner ?un conseil ? faut-il me taire à jamais comme ils disent dans les mairies ?



"Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir. Si l’on en croit Homère, Sisyphe était le plus sage des plus prudents des mortels."

https://www.youtube.com/watch?v=wrRsGXh ... e=youtu.be

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : sam. 18 mai 2019, 08:50
par madame Adonis
Côté pense- bête://www.rts.ch/play/radio/histoire-vivante/ ... d=10402101

Cinq émissions : la Turquie d'un maître à l'autre,,, excellentissime :) :) :) :) :)

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mar. 21 mai 2019, 14:56
par madame Adonis
on m'a demandé l'autre jour ce qu'était un rat de cave :lol: Vous savez ce que c'est vous ? Eh bien moi je le sais et je vais vous le dire et voilà deux liens qui éclaireront votre lanterne ! C'est sympa comme objet un rat de cave, c'est pas donné mais il faut parfois savoir payer les beaux objets et vous les trouverez à la galerie des anges


https://www.galerie-des-anges.com/rat-de-cave/

là,, juste en face de Saint Philibert de Tournus...

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : mer. 22 mai 2019, 10:46
par madame Adonis
vivre dans un bled paumé n'a pas que des avantages, demandez un peu à la méchante madame :mrgreen:

Non, un bled paumé ce n'est pas une cité dortoir c'est le contraire. Dans un bled paumé il peut encore y avoir plein d'industries qui font peut-être encore illusion que tout marche à merveille que le fric rentre dans les caisses pour permettre encore aux agriculteurs de ne pas payer un sou d'impôt mais c'est pas si facile que ça, au final et dans le temps qui passe car, une petite, moyenne ou grande crise pourrait tout foutre en l'air qu'il dit Adonis :mrgreen:
Le soir dans un bled paumé 2019 il n'y a plus une seule voiture en rade, non tous les travailleurs pendulaires, qu'ils soient vaudois, fribourgeois, français ou de tout autre coin sont tous repartis là où ils payent leurs impôts et les traites de leurs villas :mrgreen: - alors les vieux et les coincés là comhttps://photos.google.com/share/AF1QipPY-bdPhna-Q_eSS6s9IwNgzFPTRtzmJmwuRiBbcZU_dnvSmYeDeRlWyQQ6EFO8fQ/photo/AF1QipNLPcV8ZT2Wi0NZzF3M5uAW7hjRS3ZWp_9oerZH?key=YTZmT0RHaHRtejBBTlhnZHlHMXl2bklfU2JSUk5Bme des cons restent invisibles devant leurs télés et leurs petits problèmes… Vive les bleds paumés ! gisèle

Re: Le tout et le n'importe quoi de la lecture au jardin

Posté : jeu. 23 mai 2019, 08:33
par madame Adonis
On régresse à pas à dire, on régresse dans ce riche pays qu'est la Suisse. Ce matin la babillarde parlait de la pénurie d'enseignants dans le canton de Fribourg mais ça sert à rien vu que les français y pensent déjà et sont en train de former les enseignants qui viendront à la rescousse des suisses, c'est déjà les fromagers français qui fabrique les fromages en gruyère… :D

A part ça bien sûr on revient sans arrêt sur cette fameuse grève des femmes qui devrait augmenter leurs chances, éviter qu'elles se fassent trop taper dessus pas leurs conjoints et gagnent un peu plus histoire de donner bonne conscience à la classe politique faite avant tout de mecs :D
Comme dit Adonis elles feraient mieux de se donner un jour de congé gratos, histoire d'avoir le temps d'aller se faire belles et de se la couler douce au lieu d'aller courir les rues des villes avec des pancartes. Il manque une femme dans cette histoire, une seule femme: La belle Lysistrata qui elle ne réclamait pas tellement l'égalité mais voulait que les hommes arrêtent de se casser la gueule entre eux et évitent par la même occasion de casser la gueule à qui que ce soit, y compris à leurs femmes, histoire de ne pas arrêter le progrès... - de se civiliser encore un peu avant la défaite finale